Les deuils

Les études montrent qu’il y plusieurs étapes dans les deuils. La première est le déni, après vient la colère et la révolte et plus tard l’acceptation.   Je n’ai pas vraiment été confrontée à des deuils au cours de ma vie et je me demandais comment on pouvait être dans le déni  alors que l’on a perdu quelqu’un qui nous était cher, que l’on est malade ou que notre compte de banque est vraiment dans le rouge.  Je me suis aperçue que la raison a bien peu à voir avec la réalité, quand on doit faire un deuil.  Et oui on est dans le déni, même si quatre machines toutes aussi électroniques qu’il le faut vous donnent de mauvaises nouvelles sur votre coeur.  Et j’ai cru pendant très longtemps que cela ne se pouvait pas, que c’était impossible, que c’était une erreur et même encore aujourd’hui je serais prête à croire que quelqu’un s’est trompé.

Je ne croyais pas non plus qu’une fois sortie du déni, la colère m’envahirait, à qui pourrais-je bien en vouloir ? je me suis trouvé des personnes et des choses à qui je pouvais reprocher ce qui m’arrivait même si ce n’était pas raisonnable.  C’est une curieuse expérience la colère pour une grand-mère.  Je n’ai pas été très souvent en colère et je l’ai sans doute refoulée à chaque fois qu’elle se montrait le nez car ce n’est pas bien la colère.  En écrivant ces lignes je me rends compte que je m’exprime avec les mots entendus quand j’étais petite, mots qui sans doute m’aidaient à jongler avec la colère.  Autre déduction, les deuils nous rebranchent sur des états émotifs profonds et nous obligent à assumer beaucoup plus que ce qui est présent dans notre actualité immédiate.

Une fois la colère un peu stoppée, j’ai réussi à en maîtriser une partie et j’en ai certainement étouffé une autre partie je suis tombée dans une déprime.  Dans cet état, plus rien ne nous tente, toutes les choses nous demandent des efforts que nous ne voulons pas faire.  On  reçoit  une invitation, la réponse est non parce qu’envisager l’action nous épuise déjà.  Dans cet état c’était comme si je me vengeais de la vie, j’étais sans doute encore aux prises avec la colère qui m’étouffais.  Au fait je ne pense pas que l’on puisse étouffer vraiment la colère c’est elle qui nous tient à la gorge.  La méchante vie me niaisais, je ne lui donnerais aucune chance et ne m’en donnerait pas davantage.  Mais cette attitude a beau être un enfantillage, j’étais redevenue une enfant et qui aurait l’idée de traiter une grand-mère comme une enfant et la consoler et lui raconter des histoire qui finissent bien.  Je ne faisais plus la cuisine je ne crois pas que je prenais vraiment soin de moi, le coeur était parti se cacher je n’avais plus de go.  A part marcher une heure par jour et c’est  ce qui me gardait un minimum de discipline, ne rien faire c’était ce que je faisais.

Pour sortir de cet état, je me suis fait aider et j’ai pigé qu’il fallait que je commence à accepter ma nouvelle réalité.  Je dis commencer car il faut tout un travail sur soi-même pour finir par accepter et là aussi il existe des esquives comme se résigner qui n’est pas accepter.  Mais au départ se résigner c’est plus réconfortant si on n’est pas capable d’accepter.  J’ai fini par accepter quand j’ai pu avoir un certain pouvoir sur ma situation.

Je vais mieux

Je me sens bien mieux aujourd’hui.  Ma journée de tricotage avec les amies m’a fait le plus grand bien et dans cette journée bénie j’ai eu deux bonnes nouvelles.   Je vais en savoir davantage sur mon cas (santé).  Alors mon dos s’est allégé d’un poids énorme et je me suis aperçue que je riais et que je pouvais même faire des farces.  La vie m’a semblée plus vivante et plus heureuse.  Mon Dieu que cela m’a fait du bien.  On tricote chez moi mercredi prochain et on se prépare pour une visite au Musée pour les expositions sur les Barbies et le costume.

Et puis vous avez vu le soleil qu’il fait depuis début mars.  Vous savez que c’est en fin de semaine que l’on change d’heure on se met à l’heure d’été.  Il me semble que je suis en train de sortir d’une cave sans lumière et remplie de bibittes. Lorsque je marche maintenant, le soleil me chauffe le dos c’est une très bonne sensation et le vent est plus supportable.   Tout va mieux pour moi je vous souhaite à vous aussi cet état de grâce, car s’en est un.

Toutes les raisons sont bonnes pour se réunir et se faire plaisir

Alors que l’hiver s’achève j’ai sorti mon tricot.  J’ai réalisé deux petits manteaux de laine pour mes petites-filles et je me suis mise à tricoter des bas.  Je ne tricote pas seule, j’ai commencé avec ma meilleure amie qui est une excellente tricoteuse. Une chose en amenant une autre on profite de nos rencontres de tricot pour manger ensemble et pour se rendre visite.  La semaine drnière nous avons tricoté à Trois-Rivières et cette semaine nous le faisons à Québec.   Je ne sais pas si le tricot est populaire mais on voudrais bien montrer à d’autres femmes comment tricoter.  Quand j’étais à l’école, même au primaire on nous apprenais à tricoter.  C’est là que j’ai appris. 

Et puis, quand on tricote on finit par produire quelque chose et c’est extrêmement satisfaisant et cela nous tient au chaud tant le coeur que le reste.  On devrait instaurer une journée hebdomadaire de tricot entre fille et se donner de nos nouvelles.  Nous c’est le mercredi.

S’appliquer la bonne médecine

Ce matin en allant sur mon site et en vérifiant mes courriels, je me suis aperçue qu’il y avait de nouveaux utilisateurs inscrits depuis que j’ai commencé à bouder mon blogue.  Pour toutes ces personne mes plus sincères excuses, vous êtes maintenant dûment inscrits et acceptés pour écrire à votre tour sur des sujets qui vous intéressent.

 En fin de semaine je discutais avec une amie à qui je confiais que je n’écrivais plus sur mon blogue et elle me faisait remarque que les lecteurs devraient être considérés comme des amis à qui on confie nos réflexions et nos opinions.  Je crois qu’elle a bien raison et que je me suis privée de la présence d’amis tout au long de cet automne bien gris.

J’ai un peu de mal à confier mes états d’âme parce que je crois que je n’en ai pas le droit.  Je pense que me confier quand je me sens bien basse c’est un peu me plaindre et me plaindre je pense que c’est montrer que je ne suis pas à la hauteur.  Mais à la hauteur de quoi?  Dans ce siècle où il faut absolument être positifs en tout et avoir toutes les capacités, se plaindre ou avoir de la peine ce n’est pas politically correct .  Moi ces derniers temps, j’aurais dû faire part de ce que je vivais quitte à passer pour ne pas être à la hauteur.

Curieusement, je me rends compte que même en vieillissant, on reste dans des parties de nous des enfants qui ont besoin d’être rassurés, dorlotés et pris en charge.  Pour ma part, j’ai un certain talent pour réconforter  autour de moi  et j’apprends à m’occuper plus de moi, m’écouter davantage, me prendre plus au séreux dans mes besoins.  Pour bien réconforter les autres il me faut le faire pour moi-même.  Et peut-être bien que c’est important de se donner cette importance.

De retour…

Il fallait qu’on me le demande pour que je me réveille de ma torpeur pour qu’à nouveau je puisse écrire car le coeur n’y était plus du tout et depuis très longtemps.  On a beau être une grand-mère et se spécialiser dans le réconfort comme le précise la publicité sur le lait, parfois on a nous aussi besoin de réconfort et c’était mon cas.

 J’ai vécu un automne très frustrant alors que je me préparais à passer mon hiver sous des cieux plus cléments et que je m’étais entraînée à la marche, 4 kilomètres par jour, mon cardiologue plus qu’une mère pour moi, m’a trouvé un dysfonctionnement de ma prothèse de valve aortique ce qui compromet encore maintenant des projets de voyages.

On peut bien dire que dans le fond ce n’est pas si grave.  Mais j’ai une toute autre compréhension de la chose.  D’abord, je n’ai pas les symptômes qui normalement accompagnent cette condition, ce qui fait en sorte que je n’ai pas accepté tous ces désagréments car je ne ressentais absolument rien des effets normaux de ce type de malfonctionnement, genre essoufflement, enflure et autre «guedis » du genre. Je ne les ressens toujours pas.

Et je continue de faire mes 4 kilomètres par jour comme si de rien n’était et ce qui me frustre le plus c’est sans doute que je serais actuellement sur le retour de mon voyage à l’étranger, qu’il ne se serait sans doute pas passé autre chose que ce que j’ai vécu cet hiver qui je l’avoue a été plus clément ici que pour les vacanciers campés en Floride qui était ma destination.

Le plus dur à prendre c’est le fait que je devrai sans doute être réopérée pour cette valve pour laquelle j’avais déjà été opérée et que je devrai repasser par toutes ces étapes dont j’ai pour certaines un souvenir très pénible.  Repenser à tout cela n’est aucunement réjouissant.

Et je me dis sois forte, ais confiance, sois courageuse et je pense que c’est pas mal gros à prendre moi qui suis passée par là.  C’est cependant le prix à payer pour une vraie vie active, une vie de jeune grand-mère qui veut profiter de la petite enfance de ses petites-filles et de ses futurs autres petits enfants, d’une grand-mère qui n’a pas encore tricoté tous les bas, gilets, foulards dans les couleurs les plus vibrantes pour chanter la vie qui jamais me meurt.  Une grand-mère qui n’a pas encore apporté tout le réconfort que l’on peut s’atttendre d’une grand-mère et qui doit maintenant s’en donner à elle-même.

 Aussi, tous ces soubresauts de mon coeur ne peuvent que m’obliger à jeter un oeil attentif du côté de la mort, cela va de soi.  Et ce n’est pas une petite affaire.